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PIÈCES JUSTIFICATIVES.

surant que ces opérations suffiroient, jugeant le prisonnier, alors saisi de frayeur, en état prochain de mort ; le sieur Blanchefort se retira, alors le chirurgien qui avait reconnu ses projets infâmes, referma les saignées, et mit font en usage pour rappeler à la vie le moribond qui venoit de perdre une quantité considérable de sang (le malade nous a dit avoir éprouvé alors des syncopes très fréquentes pendant plusieurs jours, et que depuis ce moment-là, sa santé avait été considérablement affectée). Le chirurgien alla faire part de cet horrible attentat à M. le maréchal de Noailles, alors gouverneur de Versailles, qui sur-le-champ fit, de son ordre, transporter le moribond, sous escorte, à i’Hotel-Dieu de Versailles où il est resté jusqu’à parfait rétablissement.

6o Enfin le consultant nous a fait observer que sa mauvaise nourriture dans ses différentes prisons, que l’air malsain et humide qu’il y avoit respiré, que les mauvais et incomplets traitemens de ses maladies, et qu’enfin l’ennui et les chagrins, auxquels il étoit en proie dans ces différens cachots, lui avoient donné le scorbut ; que dans cette maladie ses gencives ayant été ulcérées, il avoit perdu les dents qui lui manquent effectivement aux deux mâchoires (les gencives étant encore aujourd’hui affectées, et plusieurs autres symptômes existant, nous jugeons que M. de Crequy n’est point encore aujourd’hui parfaitement guéri de cette maladie).

D’après l’examen le plus scrupuleux du malade, et d’après l’énoncé qu’il nous a fait de tous les accidens ci-dessus mentionnés nous avons procédé à la curation, sinon complète, au moins partielle, des maladies et incommodités dont il se plaignoit, et au rétablissement de ses fonctions lésées. Nous avons déjà obtenu les succès suivans : 1o Les fonctions de l’estomac se font beaucoup mieux, les douleurs sont moins considérables ; et la digestion avec moins de difficulté. 2o L’insomnie et les maux de tête sont moins viciées et moins continuels. 3o Nous l’avons délivré de l’anneau qu’il portoit au prépuce, duquel il n’avoit pu être privé jusqu’à ce jour, et qui lui procuroit des douleurs et une incommodité insupportables. Nous espérons qu’avec le temps et que d’après l’emptoi des moyens convenables nous parviendrons a procurer à M. de Crequy, né de Bourbon-Montmorency, une guérison sinon parfaite, au moins la meilleure possible et nous tâcherons