Page:Créquy - Souvenirs, tome 9.djvu/219

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

maison de Crequy, et que madame sa mère, ainsi que plusieurs chirurgiens experts lui ont assuré qu’il étoit né avec les susdites marques, ce que nous croyons véritable après les avoir examinées.

4° Nous avons observé une cicatrice en forme de croix qui se trouve sur gland, et qui s’étend sur presque toute son étendue ; que le madade portoit au prépuce un anneau d’or à charnière en forme de boucle d’oreille, qui le gênait beaucoup, lequel ainsi que deux autres semblables, desquels il s’étoit déjà fait delivrer, et qu’il portoit aux bourses et au-dessus de l’os sacrum (endrois ou l’on trouve encore les cicatrices), recevoient et donnoient passage à une chaîne d’or qui fermoit par un cadenas aussi d’or qu’on lui a dit s’appeler sympathiques ; le malade nous a attesté que ce fut en l’année 1782 qu’on lui fit cette horrible opération et qu’on lui fit aussi boire un breuvage composé de son propre sang de celui d’une jeune fille, de poudres et d’autres drogues que nous ne pouvons nommer ici par pudeur ; que cette boisson fut aussi nommée sympathique, le tout afin, disoit-on, de le priver de la jouissance des femmes et de l’empêcher d’avoir postérité en lui occasionant la perte continuelle et involontaire de la semence (ce projet a effectivement réussi, car le malade nous a confessé que, depuis ce moment, il étoit sujet à une perte continuelle et involontaire de sa liqueur prolifique, et qu’il éprouvoit de grandes foiblesses dans toutes les parties génitales).

5° Le consultant nous a déctaré qu’en février 1774, étant alors détenu prisonnier dans un cachot des prisons la prévoté royale de Versailles, le sieur de Blanchefort, soi-disant Crequy, et sa famille obtinrent un ordre secret du duc d’Aiguillon, alors ministre d’État, et signé soi disant du roi, pour le faire mourir, en lui ouvrant les veines des bras et des pieds. Qu’en effet, les sieurs Blanchefort et davaud, juges de la prévôté, étant presens, le geôlier de la prison, aidé de deux valets, le mit absolument nu, et le lia sur une chaise de bois, après quoi le sieur Blanchefort, lui-même, introduisit un élève en chirurgie qu’il avoit mandé, lui montra le soi-disant ordre qu’il portait, et lui commanda avec menaces de saigner aux quatre veines le partirulier qu’on lui présenta ; le chirurgien tout troublé pratiqua effectivement deux saignées aux bras, mais ne voulut point faire celles des pieds, as-