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effectivement le fils de LouisXV, et de ladite princesse ma mère ; je fis alors ouverture de la chatouille, en présence de toutes les personnes susdites, et j’y trouvai d’abord dedans douze cents louis en or, avec l’assurance de ma mère de recevoir annuellement pareille somme et pension chez M. Foulon-des-Murs, fermier-général des finances de France, qui m’assuroit des secours encore plus considérables, si j’en avois besoin, et que je voulusse suivre le conseil qu’elle me donnoit : je me tais ici, parce que ce sont les secrets de l’État, et, que ne puis et ne dois reveler à personne, à moins que l’Assemblée Nationale ne me l’ordonne ; je trouvai aussi dans ladite chatouille tous les titres, lettres et autres papiers nécessaires pour me faire reconnoître fils légitime de Louis XV, son premier époux secret, ou bien pour celui du marquis de Créquy, son second époux conventionnel, le tout selon que la prudence et les circonstances me le dicteroient ; j’y trouvai aussi l’ordre du Saint-Esprit, que le roi mon père nous avoit envoyé chez ma mère en ses terres en Empire, dès le jour et moment de ma naissance ; enfin j’y trouvai aussi toute l’histoire de la vie et les aventures de ma mère, et laquelle je vais faire imprimer incessamment pour la rendre publique.

M. Moreau, capitaine des invalides, chevalier de l’ordre militaire de Saint-Louis, rue de Sève, vis-à-vis la rue des Brodeurs, maison d’un serrurier, n° 1274.

M. Rey, ci-devant secrétaire au comité des lettres de cachet, et actuellement à celui de législation.

M. l’abbé Magnier, habitué au temple Sainte-Marie ; il est le filleul d’une dame de Crequy, il me connoit dès l’année 1758 ou 1759, qu’il fut nommé par ma mère, pour être mon sous-gouverneur, du temps que j’étais en pension chez M. l’abbé Goudin d’Arostey, demeurant maison de M. Loriol, marchand pelletier, rue S-Antoine, au coin de la rue Percée, à Paris ; ledit abbé connoît d’autant plus mes malheurs et ma naissance, que, pour avoir pris ma défense en 1782, il fut mis lui-même dans un profond cachot des prisons de Troyes en Champagne, par ordre du comte de Vergennes, pour lors ministre d’état, qui étoit d’intelligence avec mon subrogé tuteur, le sieur de Blanchefort, soi-disant Crequy, pour me faire périr moi et tous ceux qui oseroient prendre la défense de mon innocence opprimée et de mes droits usurpés par eux.