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– Ah dame, c’est qu’en outre qu’elle est excédante, elle m’a fait une impertinence en 85, à l’hotel de Soubise, et j’aurais tant voulu qu’elle eût été massacrée dans les prisons ! Vous savez qu’on a déporté l’Abbé d’Albignac, et j’en suis bien contente, il était si ennuyeux !

— Et m’sieux vot’fils, qu’est-ce qu’il est devenu dans tout ceci ? lui demanda Mme de Coislin, qui n’a jamais été meilleure que Mmede la Reyniere, mais qui n’est pas devenue si franche.

– Mon fils, repondit l’autre en baîllant, il a sa fortune à part, et je n’en ai pas ouï parler depuis long-temps. Quand Dieu m’a fait la grace d’avoir le malheur de perdre Monsieur de la Reynière, on est venu me dire que mon fils avait été noyé à Nantes, mais cela n’était pas vrai, malheureusement, car vous savez que les pères et les mères héritent de leurs enfans depuis la révolution ; et comme il fait un si mauvais usage de sa fortune, je voudrais bien l’avoir pour moi toute seule !…

— C’est que vous n’avez pas d’idée de ce garçon-là, nous disait M. de la Vaupalière ; il est avide et méchant, il est colère, il est glouton… Je ne connais rien de si mortifiant que d’avoir un enfant pareil, et sa pauvre mère en est désolée…

– Mais je le crois bien, lui répondis-je, elle avait couvé un œuf de Paon, il lui est éclos un Dindon !

— Ce que je désirerais par dessus toute chose en ce moment-ci disait-elle un jour à M. de Chevreuse, ce serait que la Duchesse de Fitz-James mourût !