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le lundi 10 de ce mois, un mémoire imprimé et une requête dont j’ai l’honneur de joindre ici les copies ; j’aime à me persuader, Sire, que vous ne souffrirez pas qu’un homme qui ose se dire et qui s offre prouver qu’il a l’honneur de vous appartenir de très près, et qui a même sauvé vos jours, soit réduit à ces trois cruelles extrémités, ou de n’avoir d’autres ressources pour subsister que les honteux et humilians secours de ses propres domestiques (c’est mon état actuel depuis le premier mars 1791 qu’il plut à l’Assemblée Nationale et à V. M. de faire briser mes chaînes), ou bien de m’ôter la vie pour cacher au public sa misère et sa honte ;

Ou enfin de se voir forcé d’adresser au public et à l’Europe entière, ses soupirs, ses larmes et ses justes plaintes.

Daignez, Sire, m’épargner cette douleur ; vous le pouvez en m’honorant d’une audience particulière ; votre gloire autant que vos intérêts et les miens l’exigent de votre justice ; mes ennemis, pour tromper V. M., lui diront, peut-être, que je suis un fou ; mais qu’elle daigne m’écouter avant que de me juger.

Il se peut que dans mes mémoires imprimés et mes requêtes présentées à V. M., il y aurai peu de bon sens, même des expressions vives ; mais je vous supplie de ne m’en point attribuer la faute, et de vouloir bien ne les regarder que comme émanées et dictées par la vérité simple et naïve d’un homme qui n’a pas eu tout le temps de la réflexion, et dont la mémoire et les esprits pourroient bien être affoiblis par la longueur d’une injuste détention, et qui manque encore aujourd’hui des secours les plus nécessaires à sa vie.

J’ai l’honneur d’être, avec un très profond respect, Sire, de V. M., le très humble, etc.


Copie de la lettre adressée à M. de Montmorin,
le 21 octobre 1791.

Monsieur,

Vos intelligences, tant publiques que secrètes, avec M. de Vergence, M. de Moustier et M. de Blanchefort, soit-disant Crequy, outre les lettres écrites de votre propre main à la cour de Berlin