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pondance avec personne, et qu’on ne me tende aucun secours humain.

Enfin, Messieurs, en lisant l’histoire de mon infortunée vie et aventures tragiques, vous y trouverez des preuves plus que suffisantes de tout ce que j’ai l’honneur de vous exposer ; et les cris du ciel de la nature et de l’univers entier, se joignant aux vôtres, vous ne pourrez vous dispenser de me rendre justice et de m accorder quelques secours pécuniaires à titre de prêt ou comme pension alimentaire et provisoire, en attendant que justice me soit rendue ; cependant, Messieurs, j’aime à me persuader que tous les crimes ou les torts des rois Louis XV et Louis XVI à mon égard, ne sont sûrement autre chose que les effets des ruses, artifices et horribles complots des ministres et de Blanchefort, soi-disant Crequy, qui ont trompé et abusé indignement de la bonne foi des deux monarques de France pour me perdre.

P. S. Ma cause est celle de l’État et de la nation, elle ne peut être jugée que par vous, Messieurs, qui en êtes les représentans ; et si l’on ouvre les livres rouges et verts, qui sont au nombre de cinq, dont quatre rouges et un vert, qui me sont connus, j’ose assurer qu’on y trouvera des renseignemens qui me seront favorables ; mais par respect autant que par ménagement pour le roi et toute sa famille royale, je me tais sur tout le reste, et ne parlerai que lorsque l’auguste Assemblée Nationale me l’ordonnera.

Au reste, je ne demande autre chose, sinon que celui qui, d’entre moi et mes accusateurs ou délateurs, sera convaincu de fourbe et imposteur ; soit foulé aux pieds du peuple et de cette auguste Assemblée : et que celui qui sera reconnu innocent et juste, rentre dans tous ses droits légitimes. Que les ministres et tous mes autres adversaires paroissent ici ; et daignez, Messieurs, prononcer l’arrêt irrévocable, par lequel le ciel et votre sagesse, lumières et justice incorruptible et impartiales, doivent, en cette occasion, immortaliser votre honneur et gloire, autant que le bonheur et ta félicite de l’État et de toute la chère nation françoise.

Ce sont les vœux très sincères de votre très obéissant serviteur.


Signé Charles de Bourbon-Montmorency-Crequy.