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rent, pour mieux cacher au public leurs noirs complots pour me perdre ; malgré toutes ces horreurs dont le ciel et la terre frémissent, daignez, Messieurs, jeter les yeux sur mes mémoires imprimés et sur les requêtes ou placets que j’ai présentés au roi Louis XVI, à la reine et aux ministres, le sieurs Montmorin, de Lessart, de la Porte, ainsi qu’au sieur de Blanchefort, soi-disant Crequy, mon principal adversaire et vous verrez, Messieurs avec quelle délicatesse j’ai cherché à menager le roi, ses frères, la reine, les ministres et tous mes plus cruels ennemis ; mais si ous daignez, surtout, vouloir jeter les yeux sur l’histoire de mon infortunée vie et aventures, vous y trouverez, Messieurs, qu’outre que mes ennemis, les sires de Crequy et de Blanchefort, subtilisèrent des lettres de cachet pour me faire périr de manière ou d’autre, en 38 en 40 prisons et forteresses différentes, Louis XVI, pour me frustrer des apanages que Louis XV et lui-mêmes s’étoient cru, obligés indispensablement de m’accorder, ils donnerérent successivement leurs ordres pour s’emparer de tous mes titres et papiers, puis pour me faire empoisonner dans ma prison ; puis une autre fois, pour me faire trancher la tête secrètement entre les deux guichets à la Bastille, vers l’année 1770.

De pius, en 1777, ils me firent ouvrir les veines dans la prison de la prévôté royale a Versailles ; que finalement en 1782 ils se contentèrent (d’intelligence avec les Crequy, les Blanchefort, le comte de Vergennes, ministre d’état, le baron de Breteuil, le marquis d’Entraigues, ministtre de France en Saxe, Duponteil, de Montmorin, ministre des affaires étrangères, de Moustier, ministre de France à Berlin, et le marquis d Eskelbeck, vice président au département du Nord) ; de concert ensemble, dis-je encore, ils se contentèrent de me faire mutiler aux parties nobles de mon corps et me plongèrent pour la vie dans un cachot en Prusse, chargé de chaînes du poids de plus de 60 livre, réduit à faire tout sous moi, dans un affreux petit cachot soutterrain, n’ayant qu’un peu de paille pour lit et vêtemens, sans feu et sans lumière, et n’ayant que du pain bien noir, des fèves, des pois et des haricots cuits à l’eau pour toute nourriture, en payant une pension annuelle de 600 liv., outre qu’ils payoient aussi très régulièrement une garde, composée d’un officier et de neuf soldats, pour empêcher que je ne m’échappe, que je n’aie corres-