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de six cents livres de rente viagère, par le fond constitué de douze mille livres, consignées à la banque de Berlin, et l’on me descend tout vivant dans un cachot pour y pourrir et périr, et me soustraire à mes réclamations de biens et droits en France.

L’Assemblée Nationale de France l’apprend, après neuf ans de supplice dans cet état affreux ; sa justice et son humanité m’en arrachent et me rendent ma liberté et ma patrie.

Le supplément historique de mes malheurs est sous la presse, il doit paroître et instruire l’univers des supplices et abominations pratiquées contre moi, et étonnera les nations qui apprendront comment j’ai pu y survivre.

Il existe aussi des preuves confirmatives de mon état personnel et naissance, elles sont au secret des registres de cette famine régnante. Les livres refusés, parce qu’ils renferment les secrets de Louis XV et de l’état, les contiennent. On doit trouver aussi les pensions et les ordres dont je suis décoré, et il n’est aucun prétexte de refuser aux représentans d’une nation ce qu’elle a droit et intérêt de ne pas ignorer. Il n’est aucun livre rouge, ni vert, ni de couleur quelconque, qu’elle n’ait le droit d’exiger et de voir, surtout quand le motif est comme ici de toute justice ; et je conclus et le demande contre le prétexte même qu’allégua, si injustement, le ministre Necker, pour ne pas éclairer la nation sur tout ce qu’elle a droit de savoir, et principalement en matière de justice étroite, comme ce cas-ci le requiert, que l’Assemblée Nationale doit se faire, rapporter et ouvrir les susdits livres.

En attendant, Messieurs, cette représentation de droit que je demande, j’exige, 1° que Blanchefort soit contraint de représenter le titre d’administration desdits biens pupillaires par lui administrés, par lequel titre son père et lui, successivement, les administrèrent, et dont ils me doivent la restitution plénière et les comptes de leur gestion. Ce titre même indiquant le pupille et l’administrateur, ainsi que le tuteur de la personne et biens dudit pupille, dont ils sont personnellement responsables, la représentation en est de droit étroit et de nécessité.

2° Je demande que le même Blanchefort soit également contraint de représenter l’acte testamentaire qui défère et conserve lesdits biens au pupille au cas qu’il reparoisse, et à défaut de laquelle reparition ou retour, les délaissent et abandonnent auxdits administrateurs y dénoncés.