tant dire et justement observer qu’une Princesse de Savoye et deux de la maison de Gonzague n’en ont fait aucune difficulté. Estimant ou supposant sûrement que pareille action ne sauroit leur porter préjudice et tirer à conséquence. Le Duc de Bouillon et Messieurs les Cardinaux ont également signé la requeste au hazard de leur arrivée et sans égard à leurs prétentions de dignité. Quoi qu’il en soit, je n’avais rien négligé pour décider Messeigneurs de Lorraine à ne point signer ni se produire et commettre en cette occurrence et de ladite manière, et s’ils ont agi différement, c’est contre mes avis et représentations réitérées auprès de Monseigneur le Prince de Guize, jusqu’à trois reprises en deux jours, avec la même insistance et toujours autant d’inutilité de ma part ; peut-estre seroist il prudent et convenable de faire sentir qu’on auroist du recevoir différemment les observations que j’etois en droit de faire arriver aux parents de Sa Majesté Impériale, et eu égard à mes fonctions de son Plenipotentiaire en Cour de France.
Toute cette assemblée de noblesse s’est donc présentée devant le Duc d’Orléans qui les avoit fait prévenir qu’il leur accorderoit audience dans la soirée du jeudi 21 mars, au Palais-Royal ; on les a reçus avec beaucoup de formalités et grande apparence de courtoisie, comme il appartenoit à leur qualité ; c’est un des grands officiers de la maison qui leur a fait les honneurs de la salle d’attente, et comme ils s’étoient mis de grand deuil, il en resultoit une apparence des plus lugubres et des mieux appropriées pour le motif de cette audience.
Le Régent a fait dire qu’il les prioit de lui députer seullement leurs commissaires qui étoient le Cardinal de Rohan, le Duc de Havrech, le Prince de Ligne, et le Marquis de Crequi, qui bien que le plus jeune étoit de fait et réelement, le chef de laditte commission, à raison du mérite qu’on lui doit reconnoistre, et de son crédit sur l’esprit des autres, comme aussi parce qu’il sait parler juste, et facillement bien, et fortement quand il convient de le faire.
La discussion s’est prolongée très long-temps et fort avant dans la nuit sans pouvoir rien gagner sur le Duc Régent qui n’a pas voulu se relâcher de la peine capitalle et qui a eu de rudes attaques à supporter et surmonter de la part du Prince de Ligne qui n’est pas, comme on doit en convenir, un homme à tempéram-