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un régulateur à coups de sabre, et vous verrez que les favoris de cet arrogant soldat, ses principaux mandataires avec ses familiers et les autres importans de sa création, ne pourront jamais obtenir dans l’opinion publique aucune sorte de consistance, aucune espèce de considération personnelle.




Je pense que les impiétés et les scandales de la Régence, les œuvres du philosophisme et les dernières années de Louis XV avaient opéré la dissolution de la France, et qu’elle avait besoin de se renouveler dans un bain de son propre sang. Je crois fermement que la Providence a suscité Buonaparté pour exterminer les égorgeurs et dissiper les illusions révolutionnaires. Je crois bien que ta tête pourra lui tourner comme à son devancier Roberspierre, et je pense que les enfans de Saint Louis nous seront rendus après cette exécution providentielle. Vous verrez que Buonaparté n’en profitera pas long-temps. Dieu sait si cet homme de victoire et d’absolu vouloir ne se méprendra pas sur la mission qu’il a reçue, et s’il n’en sera pas rudement châtié. Qu’est-ce que la victoire aux yeux des vaincus ? Qu’est-ce que la force à la place du droit ? et qu’est-ce que la gloire d’un homme en face de ses contemporains ?…

Les lauriers sont un parfait symbole ; ils ne donnent que de l’ombre, et c’est tout au plus.


FIN.