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qu’on ne l’a fait. Il fallait se rappeler que six mois après la mort de Louis XIII, le Cardinal Mazarin avait déjà fait treize concessions au parlement de Paris, et je suis persuadée que si le Roi s’était trouvé majeur à l’époque de ces concessions, et que ce fût à lui qu’on pût les attribuer raisonnablement, il n’aurait jamais pu rétablir son autorité royale. J’ai toujours remarqué, l’histoire à la main, que dans les temps de révolution ce sont les concessions qui perdent les souverains concessionnaires. Les grandes affaires ne se conduisent pas autrement que les petites, et c’est le plus entêté qui réussit infailliblement. Sans en aller chercher des exemples ailleurs que chez nous et pendant les derniers siècles, il est aisé d’observer combien la persévérance de nos souverains leur a profité sous les règnes de Henry IV et de Louis XIV. S’il est vrai que Buonaparté veuille régner, je m’explique une partie de sa conduite, mais voici la chose que je n’en conçois pas.

Buonaparte a bien de la bonté de vouloir se rapprocher de la haute noblesse qui ne lui sera jamais utile à rien. Héritiers de leurs pères, la plupart de nos grands seigneurs ont été élevés sans piété ; ils ont commence vivre trop jeunes. Incapables d’exercer l’autorité du Prince, ce sont des races énervées dans la domesticité, dégénérées pour l’intelligence, usées pour la domination. Pourquoi n’est-ce pas un homme de la haute noblesse qui a surgi pour exterminer la révolution ? Pourquoi parmi les nobles qui se sont distingués par un dévouement généreux et pour la capacité, ne s’est-il pas trouvé un seul grand seigneur ? Enfin, pour-