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Il aurait, je crois bien, voulu s’éviter l’ennui d’entendre une complainte, aussi la fis-je courte, et j’en arrivai bien vite à la forêt de Vareilles, aux bois de Valenciennes et à la forêt de Saint-Pol. Il me répondit assez hors de propos (car il répondait à sa pensée du moment plutôt qu’a mes paroles). — Madame, vouloir faire le bien dans un temps de révolution, c’est écrire sur le sable au bord de la mer. Ce qui échappe aux vents est effacé par les vagues. Je ne garantirai pas que ce fussent précisément là ses paroles, mais c’était le sens de son aphorisme à quoi je ne répliquai rien…

(Il se trouve ici deux lignes à peu près illisibles par suite de la détérioration du papier) ou peut-être en 1718.

C’était, reprit Buonaparté, l’année de l’exil de d’Aguesseau. — Avez-vous connu le chancelier d’Aguesseau ?

— Je l’ai vu quelquefois, général, il avait été l’ami de mon beau-père.

Avez-vous connu Dubois et Cartouche ?…

— Je le regardai sans lui répondre, et si sévèrement que je m’en étonne encore à l’heure qu’il est. Il sentit de lui-même, apparemment, qu’il était de mauvais goût d’avoir été déranger et faire appréhender au corps la Marquise douairière de Créquy pour lui demander des nouvelles de Cartouche, et il me fit un sourire si fin, si naïf et si doux, que j’en restai toute désarmée.

Laissez-moi vous baiser la maine, dit-il. Je m’étais mise à tirer ma mitaine avec tout l’empressement requis dans une occasion pareille. — Laissez votre