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Où logez-vous ?

— À l’hôtel de Créquy.

Ah diable !… et dans quel quartier ?…

Je ne pouvais m’expliquer cette fantaisie de s’informer où je logeais, moi présente ; mais on dit que c’est une sorte de curiosité qu’il montre pour tout le monde, et de plus, vous allez voir qu’il avait pour me faire lui répondre ad rem une petite raison qu’il croyait politique ; enfin je lui dis que c’était rue de Grenelle, a l’ancien hôtel de Feuquières.

Rue de Grenelle, vous avez eu hier et avant-hier du bruit dans votre quartier[1]. En avez-vous eu peur ? C’était pour le prix du pain.

— Les insurgés n’étaient pas nombreux, m’a-t-on dit, et je ne m’en suis pas inquiétée.

Il n’y aura pas d’émeutes possibles sous mon gouvernement ! pas d’émeutes sérieuses ! mais des criailleries, je ne dis pas ? — La France n’en est pas moins heureuse et satisfaite ! — Il ne faut pas s’y tromper : quelques mauvaises piailleries ne prouvent point le mécontentement général. — Le bonheur ne va pas tapager dans les rues ; une poignée de mécontens ou de malintentionnés à l’air de quelque chose, mais ce n’est rien ! N’est-ce pas vrai ?

— Oh ! sûrement : trois femmes qui crient font plus de bruit que trois mille hommes qui se taisent.

Ce que vous dites là est très bien… savez-vous que c’est très bien ce que vous dites là ? et je lui répondis tout doucement, comme aurait fait Coli-

  1. Il appelait mon quartier, la rue de Grenelle au Gros-Caillou.