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blicain et de solliciter des audiences du premier consul, afin d’en obtenir la restitution des bois séquestrés.

Je lui répondis que M. de Talleyrand devrait bien commencer par nous restituer l’hôtel de Créquy, rue d’Anjou, où demeurait autrefois mon fils, et que ce bienveillant ecclésiastique avait acquis nationalement en vertu des lois de la république, à raison de l’émigration de ma belle-fille ; car c’est là que demeurait alors cet évêque d’Antun, et c’est long-temps après qu’il a revendu cette charmante habitation à un Anglais nommé Crawford. Vous n’ignorez pas que le Baron de Breteuil est mon plus proche parent, et qu’il se trouve mon principal héritier depuis que j’ai perdu mon fils et mon cher petit-fils : le Baron de Breteuil était d’avis que j’écrivisse à Buonaparté, et je finis par surmonter ma répugnance. Il est impossible d’imaginer et d’exprimer tous tes efforts que m’avait coûté cette démarche !…

On m’annonça, deux jours après, le colonel (je ne sais plus comment), aide-de-camp du premier consul, et voilà que je vois entrer un grand jeune homme qui me fait trois révérences en s’inclinant jusqu’à terre, et qui me dit avec un air et du ton

    l’archevêque, avaient été placés comme lui dans un collège à titre de Boursiers. Il est assez curieux que les éducations gratuites de Robespierre, de l’abbé de Talleyrand et de Buonaparte, aient été le produit de la charité monarchique, et que ce soient précisément les Rois très chétiens qui en aient fait les frais. (Note de l’Auteur.)