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que le Roi Henry III avait fait sculpter sur le mausolée de son favori, le jeune Hyacinthe de Maugiron, une touffe de jacinthes avec ce vers de sa façon qui est d’une correction parfaite :


Des Regrets d’Appollo triste et doulx monument.

Ce fut l’Archevêque de Paris, M. de Noailles, qui fit enlever ce petit bas-relief, en disant que son air de paganisme était déplacé dans une église. Il en avait peut-être encore un autre bon motif, en arrière-pensée ; mais toujours est-il que, pendant la jeunesse de mon père, cette allégorie payenne (avec le nom d’Appollon) se trouvait encore sur le même tombeau dans l’église de Saint-Germain-l’Auxerrois, où ma grand’mère et mes grands-oncles l’avaient toujours vue sans en être scandalisés le moins du monde. C’était dans la grande chapelle à droite, en face de l’hôtel de la Sainte-Vierge. On ne sait comment expliquer dans les Valois, cette candeur dans l’impiété, et cette naïveté dans l’impudence ?

La douce et triste Louise de Vaudémont, épouse negligée du même Henry III, avait pris pour devise un Cadran sous le soleil : Aspice ut aspicior (Regardez-moi afin que l’on me considère !)

La Reine Marguerite, Duchesse de Valois, ne voulait plus porter les armes de France depuis la rupture de son mariage avec Henry IV, et cette ingénieuse princesse avait fait graver sur sa vaisselle et son sceau-privé une tige de Vigne avec ce vers du Tasse : L’Ardor temo et Cielo m’offende (Je crains l’ardeur et la froieur m’offense.)