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milité : — l’inutile fleur est orgueilleuse et droite, quia vana ; la grappe du froment est humblement penchée, quia plena.

Relativement au Révérend Père Menestrier qui a fait un Traité des Devises, je vous dirai que c’était un honnête homme, et voilà tout. Si je n’avais appris sur les Devises que ce qu’il en rapporte dans son traité, je vous renverrais au fameux Bourdaloue qui n’en dit pas beaucoup plus à la vérité, mais qui dit supérieurement bien tout ce qu’il en sait ; enfin, je vous recommanderais ce bel ouvrage du Pape Léon X, lorsqu’il était Messire Jean de Médicis, et qu’il envoya, par un beau page, à son ami le Cardinal de Créquy, une bouture de cet excellent poirier qui porte son nom de jeunesse. Studieuse et chaste jeunesse ! Adolescence ingénieuse et docte, à qui nous devons un des ouvrages les plus spirituels des temps modernes. Tâchez de vous procurer ce livre des Devises composées par Léon X, et vous y verrez, que de toutes les opérations de pur-esprit, l’art des Devises personnelles et figurées est peut-être la plus ingénieusement délicate et la plus difficile[1].

On n’en saurait apprécier le mérite sans connaître la difficulté de leur facture, et l’on ne saurait en

  1. Dans cette belle peinture de Raphaël, qui représente Léon X et qui appartient à nos Rois, le livre ouvert qu’on y voit entre les mains du Pape est celui de ses Devises. Les spirituelles figures des Cardinaux de Médicis et de Rossi paraissent en témoigner au Saint-Père une approbation si satisfaite et si respectueuse, qu’il semblait entrer dans le Vatican du seizième siècle en regardant ce tableau. (Note de l’Aut.)