Page:Créquy - Souvenirs, tome 9.djvu/123

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ainsi notre filleul s’appelle Auguste-René-Victor. Il en résulte une sorte de jeu de mots qui me déplaît beaucoup ; mais je recommande incessamment qu’on ait soin de l’élever de manière à ce qu’il ne s’entende jamais dire – Auguste Caristie, va te faire sucre[1] !

M. de Lalande vient de faire paraître un dictionnaire des Athées qui devrait être brûlé par la main du bourreau, et il a dit hier a M. de Pougens que, si j’étais déjà morte, il n’aurait pas manqué de m’inscrire parmi ses Athées, ce qui suffira pour vous donner une idée de la véracité de son livre. La tendance actuelle serait plutôt déiste que matérialiste, ou plutôt, les gens de ce temps-ci ne sont rien du tout. Ils lisent encore Voltaire, et c’est là qu’ils apprennent ce qu’ils doivent penser de la religion chrétienne.

Il est à remarquer que, parmi nos bons écrivains du XVIIe siècle, les deux auteurs de prédilection du siècle philosophique ont toujours été Molière et Pascal. Il se trouve encore aujourd’hui que les Lettres provinciales et Tartuffe sont les deux ouvrages les plus goûtés du public, et pour cause. Les Lettres Provinciales ne sont qu’un tissu de mensonges, et l’on pourrait dire que le chef-d’œuvre de la théologie de Port-Royal est un crime. Tartuffe est visiblement dicté par un sentiment d’hostilité contre la religion ;

  1. Nous avons sous les yeux une carte de visite, imprimée, qui porte le nom de M. auguste CARISTIE, rue Notre-Dame-des-Victoires, n° 19, ce qui s’accorde parfaitement avec l’Almanach de 25 mille adresses, page 96. (Note du libraire-édit.)