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quoi ne pensez-vous pas à Louis, Valentin, Samuel ou Raphaël ? Si vous accouchez d’une fille, à qui vous vouliez donner un nom distingué, appelez-la Geneviève ; et si c’est d’un garçon, Denys, Germain, Remy, Landry, Séverin, Sulpice, ou Merry. Laissez-nous les Foulque et les Jocelyn : ne cherchez pas vos noms dans les Chroniques, et prenez-en dans les Litanies. Il n’est rien de si joli pour un enfant de Paris que de porter un nom de légende gauloise, et surtout du diocèse de Paris. Un vilageois Breton qui s’appelle Maclou, une Tourangelle qui s’appelle Martine, ne sont point ridicules, et j’approuve beaucoup les Espagnols qui ne prennent jamais d’autres patrons que les saints de leur calendrier. Les paysans sont comme les princes, ils ne portent que des prénoms nationaux, et dans ces noms des paysans, je trouve toujours une grâce charmante avec je ne sais quoi de respectable, en ce que ces pauvres gens qui les portent en sont rattachés à quelque chose d’anciennement local et de solariégo, comme disent les Castillans. On dirait qu’ils ne datent pas d’hier ? Comme vous êtes une femme de bon sens, je vous dirai que je ne puis souffrir les petites filles qui s’appellent Fanny, et que lorsque je vois des garçons (Français bien entendu) à qui l’on a donné les noms étrangers d’Alfred, Édouard Fernand Gustave et Frédérick surtout ! je prends leurs parens en aversion.

Je vous avouerai, mon fils que j’ai fini par céder aux instances de Mme Caristie que j’aime beaucoup. Il a fattu composer avec l’exigence de l’Électeur de Saxe mon compère, qui s’appelle Auguste ;