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constructions de cette vaniteuse république ont l’air mesquin#1.

Il faut sans doute, et sous peine de barbarie, rester soumis aux prescriptions de l’architecture antique, pour le calcul des masses et des lignes, les profils de règle et toute la partie des ornemens qui marquent l’ordre ; mais pour le reste, il devrait être permis d’être composite en architecture, et suivant la remarque de Politien, l’affectation d’atticisme est plutôt la preuve de la stérilité que de la sévérité du goût. En effet, que peuvent signifier sur des monumens français la couronne Vallaire ou l’Obsidionale ; le boucher Perse et l’Aspergillium, surtout ! Est-ce qu’un pareil ustensile est en rapport avec la croyance ou les coutumes de notre pays ? Si les artistes grecs ont employé des objets de lâtrie comme ornemens, c’était parce qu’ils en voyaient faire un usage habituel, et que la partie la plus vulgaire du peuple en connaissait l’emploi : en outre, ils avaient le bon goût d’accorder la décoration des murs avec la destination des lieux, et je ne sache pas qu’un sculpteur antique ait jamais placé des Prœfericuli ni des Litui sur la façade de sa petite maison.

Quand la révolution sera finie, car il est visible qu’elle tourne à la mort, ne pourrait-on pas, avec les attributs du christianisme, avec les marques de dignité royale, avec toutes celles de nos distinc-[1]

  1. Il ne reste plus d’autre constructions de cette époque que la petite rue des Colonnes auprès de la place de la Bourse. (Note de l’Éditeur)