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Une des personnes que Buonaparte abhorre le plus (et le mieux, à mon avis) c’est le Commandeur de Dolomieu, cet infâme savant, qui lui a livré l’île de Malte. Buonaparté disait l’autre jour à M. de Narbonne que, s’il n’y avait eu personne dans la ville et la citadelle de Malte pour lui en faire ouvrir les portes, il n’aurait jamais pu trouver moyen d’y pénétrer. Le minéralogiste Dolomieu n’en a eu pour sa récompense et sa trahison qu’une pension de mille francs. Il avait autrefois la prétention d’être votre parent ; mais feu M. de Créquy disait à cela que le seul rapport qu’il y eut entre vous autres et ces Dauphinois, dont le nom de famille est Gratet, c’est qu’ils avaient été annoblis par le Connétable de Lesdiguières. (En vertu de ses grandes-patentes) Il parait que les Dolomieu se sont fait reconnaître comme parens par Messieurs de Gratet du Bouchage, et c’est une sorte de complaisance que je ne saurais approuver.

On nous parle aussi d’un Abbé de Broglie qui s’était fait présenter à Buonaparte, et qui vient d’encourir sa disgrâce à propos d’une petite église dont il aurait voulu que le gouvernement français le reconnût pour directeur. On dit que Buonaparte lui a répondu : Citoyen, je ne reconnais en France en fait de chrétiens, que des catholiques et des protestans. Il n’y a pas assez de religion dans ce pays-ci pour en faire une troisième.

Je crois vous avoir dit que les Broglio ou Debroglio, ce qui veut dire Dumoulin, en patois du comté de Nice, étaient venus chercher fortune en France, où ils ont fini par se trouver dans une situation bien différente de celle où la maison de Savoie les aurait