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de mon cœur, ma raison saura se conformer sans effort et avec soumission à la volonté et la décision du gouvernement.


« Salut et fraternité. »
« Hilliaire Chanterenne[1]. »

Vous savez sûrement que Madame, fille de France, a fini par être échangée contre huit Français qui n’étaient certainement pas des plus importans parmi les sujets du Roi son père.

Ces illustres captifs de l’Autriche avaient nom Camus, Bancal, Quinette, Burnonville, Lamarque, Maret et Huguet-Semonville. Il y faut ajouter encore ce Drouet, le maitre de poste de Sainte-Menehould, qui était devenu législateur après avoir fait arrêter la famille royale à Varennes, et c’était le cas de se rappeler la réponse du Duc d’Albe à cette députation de douze Bourgmestres et de vingt-quatre Échevins hollandais qui venaient s’offrir à lui pour otages, en échange des Comtes de Horn et d’Egmont : — J’aime mieux deux saumons que trente-six grenouilles.

Les personnes envoyées par la cour de Vienne pour recevoir Madame à la frontière de France et pour l’accompagner, ne voulurent jamais permettre à aucun émigré français de parler à l’orpheline du Temple ni même de s’approcher d’elle. Ils les repoussaient avec la rudesse des Pandours et des Talpachs, et parmi ceux qui se croyaient à l’abri

  1. L’éditeur est en possession de cette pièce inédite, écrite en duplicata par Mme de Chanterenne et signée par elle.