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d’Orléans, Prince français, connu sous le nom d’Égalité ; jaloux de conserver l’estime dont je reçois chaque jour les preuves les plus honorables, je m’empresse de déclarer que j’ignore s’il existe réellement une faction d’Orléans ; que je n’ai jamais eu aucune liaison avec le Prince qu’on en suppose le chef, ou qui en est le prétexte ; que je ne l’ai jamais estimé, et que depuis l’époque funeste où il a déchiré les liens du sang et manqué à toutes les lois connues, mon mépris s’est changé pour lui en une aversion légitime qui ne me laisse que le désir de le savoir livré à la sévérité des lois.

« Quand à ses enfans, ils ont servi leur patrie dans les armées que je commandais sans jamais montrer d’ambition. J’ai une grande amitié pour l’aîné ; je crois être sûr que, loin de jamais aspirer à monter sur le trône de France, il fuirait au contraire au bout de l’univers plutôt que de s’y voir forcé. Au reste, je déclare que, si d’après les crimes de son père, ou par les atroces manœuvres des factieux, il se trouvait dans le cas de balancer entre les vertus qu’il a montrées jusqu’à présent, et la bassesse de profiter de l’horrible catastrophe qui a mis toute l’Europe en deuil, et qu’alors l’ambition l’aveuglât au point de prétendre à la couronne, je lui vouerais une haine éternelle, et j’aurais pour lui le même mépris que j’ai pour son père.


Dumouriez[1].
  1. Cette déclaration a été insérée dans les journaux alle-