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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

dit qu’elle veut vous raconter elle-même ce qui la regarde, et elle vous l’écrira demain. »


Copie de la lettre de Madame la Marquise de Tourzel, Gouvernante des Enfans de France[1], à Mme la Csse de Sainte-Aldegonde, sa fille âinée.
Paris, le 8 septembre.

« Pauline vous a raconté les cruelles épreuves pas lesquelles elle a passé ; mais elle a négligé de vous dire la manière dont elle les a soutenues ; elle m’a bien prouvé que la patience et le courage ne sont incompatibles ni avec l’extrême jeunesse ni avec l’extrême douceur ; elle n’a pas montré, m’a dit M. Hardy, un moment de faiblesse dans ces dangers, et je lui ai pas vu un instant d’humeur pendant notre emprisonnement : elle m’en a bien adouci les peines, mais en même temps bien augmenté les inquiétudes ; l’idée que je lui faisais partager des périls desquels son âge devait naturellement la mettre à l’abri, me tourmentait sans cesse, et m’empêchait de jouir de la consolation de l’avoir auprès de moi. Elle vous a dit comme me fut enlevée une nuit par un inconnu qui entra

  1. Louise Élizabeth de Croûy d’Havré, Princesse de l’Empire, veuve de Louis du Bouschet de Sourches de Montsoreau, Marquis de Tourzel, de Sourches et du Bellay, Grand-Prévôt de France, etc., créée Duchesse de Tourzel, par le Roi Louis XVIII, et morte à Paris en 1832, âgée de 83 ans.
    (Note de l’Éditeur.)