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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

étaient parfaitement analogues à celui de Mme  Roland. « Il y aura, sans aucun doute, encore de châteaux brûlés », écrivait-elle à un de ses amis, le citoyen Champagneux, « et le mal ne serait pas grand, s’il n’était à craindre que les ennemis de la révolution n’en profitassent pour diminuer la confiance des citoyens dans l’Assemblée nationale… »

Mme  Roland de la Plattière aurait sans doute été moins indulgente pour les incendiaires, si son habitation féodale avait obtenu le titre de château, comme elle était venue me le demander quelques années auparavant.

M. Roland était devenu membre de la Commune et de l’Académie de Lyon ; cette municipalité le députe à Paris pour quelques intérêts de commerce ; il se fait bientôt remarquer par l’ardeur de son zèle, par sa fierté romaine, et par son affectation de sévérité laconique. Le partie qui domine alors force Louis XVI à l’accepter pour ministre, on est obligé de le renvoyer au bout de trois mois, et M. Roland se retire en emportant les regrets de la nation, comme il est prouvé par une attestation signée Quinette, délibérée par l’Assemblée Constituante, et datée de l’an iii de la liberté. La France et la révolution ne pouvaient pas s’acquitter à si peu de frais avec un grand homme, et par suite d’une motion du conventionnel Isnard, il fut encore une fois appelé au ministère de l’intérieur après le 10 août, et conjointement avec l’illustre Danton.

Les jacobins, les cordeliers, les montagnards et les brissotins, ont toujours paru du même avis sur