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CHAPITRE II.


Suite de l’analyse des Mémoires inédits de Mme  Roland. — Ses prétentions aux belles manières et au beau langage. — Son mauvais goût dans le style familier. — Son arrogance et son étrange conduite avec les montagnards. — Sa condamnation. — Son supplice. — Mort de son mari. — Suicide de Chamfort et de Condorcet. — L’Abbé Emmery à la conciergerie. — Le dernier banquet des Girondins. — Opinions de l’auteur sur ces utopistes.

Bien juger sans beaucoup savoir est une chose rare, et pour pouvoir d’abord se bien juger soi-même, en comparant son degré d’intelligence et d’habileté, il est indispensable aux meilleurs esprits d’avoir eu des rapports fréquens avec des gens d’esprit. Nous en trouverons toujours qui nous paraîtront supérieurs ou préférables à nous, en dépit de nous-mêmes, et ne fût-ce que sous les rapports les moins essentiels. Nous finissons toujours par être plus frappés des avantages qui nous manquent, que nous ne restons sensibles aux avantages que nous possédons, et c’est toujours une disposition favorable à notre jugement, en ce qu’elle est défavorable à notre orgueil : cœcitatis mater et filia.

Une jeune fille était née dans la condition la