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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

filles-mères du Palais-Royal et de la rue de Chartres, à qui je ne donnerais seulement pas, voyez vous bien, du feu sur une tuite !…

Le fonctionnaire voulut se fâcher, et ce garçon l’envoya paître, en disant que depuis la mort de Roberspierre, on ne voulait plus se laisser molester ni rançonner.

Les gazettes publiaient successivement le plus grand nombre des papiers qu’on inventoriait chez Roberspierre, et je ne fus pas médiocrement surprise en voyant paraître dans les journaux la lettre suivante :

« Où est d’Orléans Marat, l’infâme Marat ? où sont les autres ? Vous êtes encore Couthon, Santerre, Chaumette, lâches et vils meurtriers ! tu es encore, tigre imprégné du plus pur sang de la France… bourreau de ton pays, furie sortie du tombeau d’un misérable régicide moins coupable que toi. Tu vis encore ! écoute : lis l’arrêt de ton châtiment. J’ai attendu et j’attends que le peuple affamé sonne l’heure de ton trépas, que juste au moins une fois dans sa fureur, il te traîne au supplice ; si mon espoir était vain, lis, te dis-je, cette main qui trace ta sentence, cette main que tes yeux égarés cherchent en vain à découvrir, cette main percera ton cœur inhumain…

Tous les jours je suis avec toi, je te vois tous les jours, à toute heure mon bras levé cher-