peu moins de révérence que de familiarité ; mais il me semble pourtant que ce fut avec toute la honte possible, ainsi que j’en ai pu juger par un procès-verbal en quatre pages écrites de la main de Mme Roland et dont je ne vous rapporterai que la conclusion.
« J’avais soin d’éviter les regards de Madame de Boismorel. Je sentais mes joues animées mon sang circulait avec plus de rapidité que de coutume ; mon cœur était palpitant dans l’oppression ! Je ne me demandais pas encore pourquoi ma bonne tante n’était pas sur le canapé, et madame de Boismorel dans le rôle de mademoiselle Rotisset ; mais j’avais le sentiment qui conduit à cette réflexion philosophique. »
Ainsi, à la seule inspection du privilège et de la prérogative, à la première vision d’une supériorité factice et notoire, on voit dans l’âme de l’auteur un germe d’envie, de haine et de révolte, dont il est bon de connaitre la cause et dont nous allons suivre le développement.
Une fille de condition, nommée Mademoiselle d’Hannaches, est placée, pour ainsi dire, au second anneau de cette chaine d’idées coupables ou fausses, qui devaient conduire un jour à l’échafaud Mme Roland, ses prosélytes et les victimes de leur vanité blessée. Mlle d’Hannaches était pauvre, elle était vieille ; Mme Roland nous assure qu’elle était gauche et maussade, et toutefois, les Procureurs-Généraux et les premiers Présidons lui parlaient avec un air de respect, à cause de ses parchemins, tandis qu’ils ne prenaient pas garde à la jeune personne