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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

latrines, nous a déroutés par d’horribles blasphèmes que dans son ivresse et son désespoir il vomissait contre la religion et ses ministres. Cet homme a tout fait pour empêcher M. le Duc d’Orléans de se confesser et d’avoir confiance un prêtre. Inutilement les gendarmes présens lui imposaient silence. Tout-à-coup, par une providence spéciale, l’homme ivre commence à s’endormir jusqu’à l’arrivée des exécuteurs ; M. le Duc d’Orléans me demande si je suis le prêtre allemand duquel lui avait parlé la femme Richard, la femme du concierge de la Conciergerie, et si j’étais dans les bons principes de la religion. Je lui ai dit que, séduit par l’évêque de Lydda, j’avais prêté le serment ; qu’il y avait long-temps que je m’en repentais ; que je n’avais jamais varié de principes dans ma religion ; que je n’attendais que le moment favorable pour m’en défaire. M. le Duc d’Orléans alors se mettant à genoux, me demanda s’il avait encore assez de temps pour faire une confession générale. Je lui dis que oui et que personne n’était en droit de l’interrompre, et il fit une confession générale de toute sa vie.

Après sa confession, il me demanda avec un repentir vraiment surnaturel, si je croyais que Dieu pouvait le recevoir au nombre de ses élus ?…

Je lui ai prouvé par des passages et des exemples de la sainte Écriture, que son repentir, sa résolution héroïque, sa foi en la miséricorde infinie de Dieu, sa résignation à la mort le pourraient sauver infailliblement.