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SOUVENIRS

ternels ; dans sa tendresse de mère chrétienne et prévoyante…

Nous l’avons vu renier sa famille et la religion de ses aieux. Nous l’avons vu participer à tous les décrets d’une impiété délirante, à tous les actes les plus effrénés du terrorisme. Il a voté pour toutes les mesures de spoliation les plus iniques, il a souscrit sans honte et sans remords a toutes ces lois de sang qui sont venues déchirer le sein de la patrie. Il a figuré servilement, il a voulu pontifier à l’autel de la Raison dans le sanctuaire de son ancienne paroisse… Enfin, pour terminer la série de ses turpitudes et celle de ses crimes, il a eu l’affreux courage d’envoyer à l’échafaud le plus vertueux, le plus indulgent et le meilleur des humains.

Ce misérable ambitionnait un trône : il achetait l’usurpation comme il aurait fait d’un riche héritage, au poids de l’or et des crimes ; et ce fourbe osait dire au grand jour de la tribune, à la face de ces conjurés qu’il soudoyait : « Je dévoue à la mort tous ceux qui attenteraient à la souveraineté du peuple. » (Malédiction qui, du reste, s’appliqua à lui et sur tous ses complices.)

On n’a rien vu dans l’histoire, et j’espère qu’on n’y verra jamais rien d’égal à cet excès d’opprobre.

Les années auront beau s’accumuler et s’écouler, le torrent des siècles aura beau rouler sur la fosse de ce régicide et sur tout ce qui pourra survivre de sa maison, ce sera toujours la postérité d’un cadavre enseveli dans la boue. C’était depuis long-temps une race perverse et dissolue dans la corruption : elle était déjà comme écrasée sous le poids de cinq