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SOUVENIRS

À propos de ce M. Clément, je pense toujours à une singulière idée du jeune Chénier qui avait imaginé, je ne sais pourquoi, de ne lui parler qu’en vers ; et tous les pinçons de notre volière avaient si bien adopté la même habitude, qu’ils ne répondaient jamais à ses objections politiques où à ses argumens républicains, qu’au moyen de quelque belle tirade de théâtre ou de quelque fragment pindarique. Les citations fournies par les chansons, les sonnets, les rondeaux, les triolets et les autres menues poésies étaient réservées pour les affaires du second ordre, et s’appliquaient particulièrement à toutes les questions ou les observations qui pouvaient concerner, ou le jour du mois, l’heure du jour ou l’état du baromètre. Si M. Clément, par exemple, osait avancer que certains généraux de la république étaient d’illustres guerriers ; — illustres ! s’écriait Chénier, vous avez dit illustres, allons donc, citoyen Clément commencez par mettre la gloire et l’illustration hors de cause…


L’opprobre suit toujours le parti des rebelles.
Leurs grandes actions sont les plus criminelles ;
Ils signalent leur crime en signalant leur bras,
Et la gloire n’est point ou les Rois ne sont pas !

    vention qui la maria quelque temps après avec un patriote hollandais nommé Dewitt. Mais quoiqu’elle ne fût âgée que de 15 à 16 ans, elle eut recours au divorce au bout de quelques mois de mariage. C’était la Convention qui avait fait les frais de sa noce et de son trousseau, qui contenait douze perruques, à ce que disaient les journaux patriotiques, et ce fut le président du comité révolutionnaire qui fit part de son mariage en lui donnant la qualité de fille de la Nation. (Note de l’auteur)