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SOUVENIRS

gement pécuniaire à l’industrie du citoyen Pélaprat, qui faisait tanner des peaux humaines[1] ; — Voici, disais-je à l’abbé Texier, des imaginations follement républicaines et des monstruosités qui me font espérer la fin de nos souffrances. Le succès du crime est toujours soumis à certaines conditions d’ordre public en apparence, et de sens commun. Voilà Roberspierre et ses jacobins qui perdent l’esprit en attendant qu’ils perdent la tête, et vous allez voir que Dieu va souffler sur eux. C’étaient visiblement les héritiers du philosophisme et ses exécuteurs testamentaires : apparemment que la France est assez châtiée et que la justice du ciel est satisfaite ? La puissance ou la démence révolutionnaire est à son apogée, elle ne pourra plus que décroitre, et tous ses efforts pour se maintenir ne vont servir qu’à la précipiter. Enfin mon ami, la

  1. « Ce que nous pouvons qualifier d’inappréciable dans la pénurie des circonstance et les embarras du moment, c’est aussi la découverte d’une méthode pour tanner, en peu de jours, les cuirs qui exigeaient autrefois plusieurs années de préparation. On tanne, à Meudon, la peau humaine, et il en sort de cet atelier qui ne laisse rien à désirer pour la qualité ni la préparation. Il est assez connu que le citoyen Philippe-Égalité porte une culotte de la même espèce et de la même fabrique, où les meilleurs cadavres de suppliciés fournissent la matière première. La peau qui provient des hommes est d’une consistance et d’un degré de bonté supérieures à celle des chamois. Celle des sujets féminins est plus souple, mais elle présente moins de solidité, à raison de la mollesse de son tissu. » (Rapport de la commission des moyens extraordinaires pour la défense du pays. 14 août 1793.)