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SOUVENIRS

habitation se trouvait au milieu de la grande rue, à côté de la maison commune, au coin de la rue Voltaire et no 186. On allait acheter du pain d’orge à Commune-équitable, au lieu de Villejuif, et l’on vous conspuait d’envoyer vos enfans en nourrice a Montfort-le-Brutus, autrefois l’Amaury, tout aussi bien qu’à Fontenay-le-peuple et à Rocher-la-cocarde.

Nous apprîmes un jour, en lisant le journal du père Duchêne, que son estimable directeur avait été se divertir à prendre le frais sur la terrasse de Montagne-en-bon-air (autrefois Saint-Germain-en-Laye, où il avait fait arrêter, et qui plus est, assommer, disait ce même journal, un calotin déguisé). Du reste, on avait soin d’envoyer souvent les élèves de la patrie et les jeunes républicaines, en pélerinage à la petite maison de J.-J. Rousseau dans la vallée de Montmorency, qui s’appelait Val-d’Émilie. Je n’ai jamais su pourquoi c’était la petite ville de Neung qui s’appelait Raison-temple, mais je vous dirai, pour en finir, que Vedette-républicaine était Charleville, et que celle de Créquy-le-Châtel avait reçu le nom de Commune-aux-piques. C’était, j’imagine, en remembrance de votre Créquier.

Je ne veux pourtant pas négliger de vous parler d’un certain endroit qui se trouve dans les Ardennes et qui s’appelle Marche-en-famine. Les autorités de cette petite ville avaient écrit à celles de Paris pour en obtenir l’autorisation de s’appeler Corne-d’abondance ; mais les députés Wallons s’en moquèrent et les autres conventionnels aussi d’où vient que ladite ville de Marche est toujours restée comme elle était ci--