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SOUVENIRS

ardeur nouvelle, de pareilles fêtes doivent laisser à la méditation des penseurs une idée consolante, et c’est à savoir que les tombeaux de l’incivisme et les ruines de la domination renferment toujours les germes féconds et les vigoureuses matrices d’une génération d’hommes libres. – Nous le jurons ! s’écriait ce comédien de province et ce monstre d’Oratorien, ce damné Janséniste, – nous jurons que tout ce que le despotisme avait élevé dans la ci-devant commune de Lyon sera anéanti ! et sur les débris de cette ville superbe et rebelle qui fut assez corrompue pour désirer un maître, le voyageur verra avec une douce satisfaction quelques monumens simples, élevés à la mémoire des défenseurs de la liberté, et des chaumières éparses que les amis de l’égalité s’empresseront de venir habiter pour y vivre heureux des bienfaits de la nature[1].

C’était parce que l’Abbé de Neuillant s’était établi dans le diocèse de Lyon avec les pouvoirs du Primat des Gaules, que j’étais si bien au courant de ce qui se passait à Commune affranchie, mais je vous dirai

  1. « Le tableau qu’offrait dans la fête que nous avons donnée hier, la commission révolutionnaire suivie de deux exécuteurs de la justice nationale tenant en main la hache de la mort, a excité les cris de la sensibilité et de la reconnaissance de tous les bons patriotes. Les édifices tombés sous le marteau des républicains seront convertis en salpêtre tyrannicide. Nous envoyons ce soir deux cents treize rebelles sous le feu de la foudre. Adieu, mon ami ; les larmes de la joie coulent de mes yeux… Elles innondent mon âme ! » (Rapport du représentant Fouché, Moniteur de l’an 2, n° 224 et suivans.)