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SOUVENIRS

connu jusque là. La présence de l’armée prussienne en Champagne ne contrariait pas infiniment les membres de la commune de Paris, parce qu’elle exaspérait les Jacobins frénétiques et qu’on s’en était servi pour déterminer et justifier les massacres des prisons. Cependant la commune avait eu des momens d’inquiétude, et je ne saurais douter qu’elle ait envoyé proposer vingt-cinq millions qui furent acceptés par la Prusse ; d’où vient que c’est le gouvernement prussien qui a profité du carnage et du pillage de Paris. La commune s’était engagée à payer à la Prusse un subside de deux millions par mois, pour obtenir sa neutralité. Le traité subsiste, et même une partie des meneurs avait eu l’envie de faire élire le Duc de Brunswyck pour Roi de France, au lieu du Duc d’Orléans. Ce n’était pas la première fois qu’une idée pareille avait fermenté dans les cerveaux révolutionnaires, et nous avons des papiers de l’Amiral de Coligny où l’on aperçoit les traces d’un projet semblable en faveur d’un autre Duc de Brunswyck. Si le Roi de Prusse a repris les armes contre la France, ce fut parce que les républicains ne purent ou ne voulurent pas remplir tes conditions pécuniaires qu’ils avaient stipulées, et je vous assure que toutes ces manœuvres de la Prusse, en 1792 ont été d’une infamie sans pareille. Mais revenons à notre législation de 93 et 94.

La Convention nationale avait décrété que les parens des réquisitionnaires, appelés aujourd’hui des conscrits, étaient responsables de leur bonne conduite à l’armée républicaine, et s’ils ne rejoignaient