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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

qu’on assignait aux vieilles femmes était de célébrer l’indivisibilité de la république. Tout ceci n’était pas d’une observation également facile mais ce qui suit fut exécuté ponctuellement.

Tous les édifices publics qui n’étaient pas convertis en prisons, devinrent des casernes, et toutes les places publiques furent transformées en ateliers. Toutes les caves avaient été vidées, fouillées et grattées pour en extraire du salpêtre, et la réquisition des chevaux fut si rigoureusement poursuivie qu’il n’en restait dans tout Paris, disait-on que deux cent soixante et dix. Danton avait proposé de faire dévaster la France en cas d’invasion. : « Si les satellites des tyrans mettaient notre liberté en danger, avait dit cet énergumène, surpassons-les en audace ! Nous dévasterons, nous détruirons plutôt le sol français. Avant qu’ils ne puissent le parcourir, le terrain manquera sous leurs pieds, et les riches seront les premières victimes de la fureur populaire ! »

Je ne chercherai pas à dénigrer la bravoure et ce qu’il est convenu d’appeler la gloire des volontaires et des réquisitionnaires qui formaient originellement les armées de la république, mais relativement à leurs premiers succès, prenez garde à l’observation suivante.

On parle continuellement de la perfidie et de l’immoratité du gouvernement anglais, ce qui n’est certainement pas sans raison ; mais il est à savoir que le gouvernement prussien s’est conduit à l’égard du Roi Louis XVI avec une perversité beaucoup plus noire et plus basse que tout ce qu’on avait