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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

conférant l’absolution, dans la soirée du mardi précédent, qui était te 16 et qui fut la veille de sa mort.

On a dit que sa tête, à laquelle un valet de bourreau avait eu l’outrageuse infamie d’appliquer un soufflet en la montrant au public, avait eu l’air de se ranimer et qu’elle avait jeté sur lui des regards de colère et d’indignation.

Le Docteur Séguret, ancien professeur d’anatomie, très habile et consciencieux personnage, ainsi qu’il est prouvé par sa conduite à Marseille, aussi bien que dans notre prison, le Docteur Séguret nous assura que la chose était possible. Il nous dit qu’il avait été chargé de faire des expériences sur les effets de la guillotine : qu’il s’était fait livrer les restes de plusieurs criminels immédiatement après leur supplice, et qu’il en avait constaté les résultats suivans.

Deux têtes ayant été exposées aux rayons du soleil, les paupières qu’on avait soulevées se refermèrent avec une vivacité brusque et toute la face en avait pris une expression de souffrance. Une de ces têtes avait la bouche ouverte et la langue en sortait ; un élève en chirurgie s’avisa de la piquer avec la pointe d’une lancette, elle se retira, et tous les traits du visage indiquèrent une sensation douloureuse. Un autre guillotiné, qui était un assassin nommé Térier, fut soumis à des expériences analogues, et plus d’un quart d’heure après sa décollation, si ce n’est sa mort, la tête séparée du tronc tournait encore les yeux du côté par où on l’appelait[1].

  1. Voyez le mémoire du savant M. Julia de Fontanelle,