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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

tife en houpelande de serge rouge n’as-tu pas autant droit aux hommages réligieux des Français affranchis, que le cœur de Jésus en avait jadis à l’adoration des fanatiques et stupides Nazaréens ! Les travaux ou les bienfaits du fils de Marie peuvent-ils être compares à ceux de l’Ami du peuple, et ses apôtres aux Jacobins de notre sainte Montagne, les Pharisiens aux aristocrates et les publicains aux financiers ? Leur Jésus n’était qu’un faux prophète, et Marat est un Dieu ! Vive le cœur de Marat ! Ô Marat ! mais, que dis-je ? il est devenu froide poussière, Marat ! Marat ! » Et puis c’étaient des hymnes républicaines à grand orchestre !…[1]

— Ma chère Marquise, me dit votre tante de Fleury, nous voici parvenues à notre dernier moment ; mais j’ose espérer que le bon Dieu va nous accorder la grâce de nous laisser martyriser plutôt que de manquer à ses saintes lois !…

— Parlez-moi plus bas, Duchesse, ou ne m’appelez pas Marquise ; je ne sais quel rôle on peut nous destiner dans cette exécrable parade, mais je défie bien qu’on me fasse faire chorus avec ces

  1. C’est le Marat, du peuple le vengeur,
    C’est le De nos droits la ferme colonne,
    C’est le De l’égalité défenseur,
    C’est le Ta mort a fait couler nos pleurs,
    C’est le Des vertus reçois la couronne ;
    C’est le Ton temple sera dans nos cœurs !
    C’est le Mourir pour la patrie,
    C’est le Mourir pour la patrie,
    C’est le sort le plus beau, le plus digne d’envie !