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SOUVENIRS

— Citoyens, dit-il aux commissaires, je m’appelle Adrien-Joseph et non pas Charles-Isidore ; ainsi mon tour n’est pas venu.

Le beau-frère de ce M. de Grand-Champ qu’on poursuivait, se trouvait précisément à la Bourbe, et M. de Grand-Champ, qui venait de sortir d’affaire, eut le bonheur d’apprendre que son homonyme était à l’armée de Condé.

Si nous avions pu rire de quoi que ce fût, nous aurions pris le divertissement d’écouter la Duchesse de Valentinois, qui disait mille choses inouies. Elle était, comme je vous en ai déjà prévenu, la fille et l’héritière de la Duchesse de Mazarin qui donnait de si belles fêtes champêtres mais la mère était la sagesse même en comparaison de notre camarade aux Oiseaux[1].

Imaginez que le feu venait de prendre dans ma chambre au milieu de la nuit et que je me réfugiai dans la sienne, où je la trouvai tete-à-tête avec les débris d’un gros pâté. Elle était à s’éventer avec une assiette d’argent.

— Par ma foi, dit-elle, je suis bien aise de l’accident qui vous amène et nous allons passer toute la nuit à causer ensemble. Vous êtes une femme d’esprit, à ce que disait ma mère, et j’ai toujours détesté les ennuyeux.

  1. Louise-Félicité-Victoire d’Aumont de Rochebaron de Villequier, Duchesse héritière de Mazarin, née en 1755, mariée en 1777 à Honoré-Charles de Goyon-Grimaldi, Duc de Valentinois, prince héréditaire de Monaco, etc., more à Paris en 1826.