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SOUVENIRS

Quel est celui d’entre vous qui a jamais pu entendre prononcer le nom du roi sans horreur sans mépris et sans dégoût ? Oui, je le dis sans crainte d’en être démenti par la conscience d’aucun être éclairé, probe et sincère ; tous les actes sanguinaires ou de cruauté qui paraîtraient avoir souillé la révolution depuis le meurtre de Réveillon en 89, jusqu’aux massacres du dix août et du deux septembre, ont été l’ouvrage de ce perfide et lâche tyran ! Si celui qui a commis plus de cruautés que Néron, que Don, Pèdre  ; si un homme, au nom de qui, et par qui, et pour qui il a été égorgé plus d’humains que son existence ne se compose d’heures, de momens, je vous demande de quel droit cet être prétendrait au privilége absurde et barbare de se baigner impunément dans le sang, non pas de ses semblables, mais des individus malheureux dont il a toujours été le fléau persécuteur ? Louis Capet ne ressemble à rien dans la nature, si ce n’est à cette femme exécrable complice de ses crimes. – La mort dans les vingt-quatre heures ! — La mort ! » Et puis arrivèrent les 387 votes sanglans, dont nous suivions les formules avec une horreur inexprimable. Ce Legendre, boucher de profession, qui n’est pas, dit-il, de ces hommes d’état, qui peuvent ignorer qu’on ne frappe les Rois qu’à la tête ; et ce Barrère avec son arbre de la liberté, qui ne peut croître qu’arrosé de sang, maxime qu’il avait pillée dans le koran des nouveaux Templiers. Vous parlerai-je de ce député de l’Aveyron qui trouve les formes judiciaires observées par la Convention, trop