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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

couronne avec ces autres Nassau qui prennent le nom de princes d’Orange, et qui sont devenus Stathouders, n’oubliez pas que s’il appartient à l’une des deux de primer sur l’autre, ce n’est pas à leur petite couronne de comte. Parce qu’il y a des gentilshommes allemands qui se font appeler Votre Altesse, je n’ai jamais compris comment un pennon français pourrait s’incliner devant un cimier tudesque ? Hélas ? mon Dieu ! c’est en présence de Marat Coupe-tête et de Philippe-Égalité que je vous parle ainsi. Ceci vous prouvera la force de l’habitude, et je n’ai pas besoin de vous faire souvenir que j’étais née sous le règne de Louis XIV. Je ne saurais oublier que j’ai vu le père de l’Empereur aujourd’hui régnant, remplir son obligation de foi et d’hommage aux pieds du Roi Très-Chrétien, séant sur son trône, et s’en acquitter à genoux.

Nous en étions restés dans les tribunes de l’Assemblée nationale en 1791, et je tâcherai de vous en donner une idée sommaire. Quand on venait dire aux membres de cette assemblée : — Messieurs, la populace a violé notre consigne, les jours du Roi sont menacés, volons à son secours, allons entourer sa personne sacrée ! le président répondait, au nom de l’assemblée, qu’il serait au-dessous de la dignité du pouvoir législatif de se transporter dans le domicile du pouvoir exécutif.

— On vient d’assassiner l’Archevêque d’Arles, votre collègue ; on vient d’égorger la Princesse de Lamballe et tant d’autres !… — Eh Messieurs ! répliquait ironiquement un jeune député dauphinois, le commensal et l’intime ami de MM. de