habiles, des amis plus inutiles et des familiers plus dangereux, des protégés plus hostiles et des sujets plus ingrats, que ceux du Roi Louis XVI.
Je vous dirai que M. de Barentin, ce Garde-des-Sceaux qui nous a fait tant de mal, était néanmoins un homme de savoir et de bon vouloir. Il avait assez d’esprit qui ne servait à rien, parce qu’il avait plus de gaucherie que d’esprit. Il agissait presque toujours en malavisé, pour administrer la sévérité judiciaire ou pour appliquer la miséricorde à contre-temps. Quand il était en plein droit et qu’il avait la bonne occasion de sévir avec autorité, il entamait des négociations interminables, et quand il entreprenait de parlementer pour endormir les gens, il ne manquait pas de brusquer son monde et de le faire câbrer. Il avait de la peine à s’énoncer en bons termes, et cet inconvénient d’élocution (dont il avait été prévenu par les pamphlets), le faisait ânonner comme en bégayant, parce qu’il hésitait continuellement et péniblement entre des locutions châtiées et les expressions les plus communes. Il en résultait qu’il avait toujours la parole obscure, ambiguë, maussade, obtuse ; et comme il n’écrivait pas mieux qu’il ne parlait, tout ce qu’il aurait eu de profitable au service du Roi se trouvait neutralisé par ses défauts naturels. Ce n’est pas le tout que de faire de bonne choses et dire de bonnes choses, il faut s’appliquer à les bien faire, il faut apprendre à les bien dire : la volonté, la science et la bonne intention, sont des élémens de succès qui ne profitent à rien s’ils ne sont pas bien employés. Il en est pour toute sorte d’affaires ainsi que de la cui-