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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

siéger au premier rang des littérateurs européens. Comptez sur ma protection.

Ce fut à l’occasion d’un procès entre votre père et ce M. Papillon que nous fîmes connaissance avec M. de Sèze qu’il avait choisi pour conseil et qui ne voulut pas se charger de sa cause. C’était à propos de la mouvance et du rachat d’un droit féodal de ce domaine de la Ferté que mon fils ne voulait pas laisser périmer, ni retraire ; mais je pense bien que c’était parce que le nouveau seigneur de la Ferté ne s’y prenait pas honnêtement, car je ne vois pas de quelle utilité pouvait être pour nous la maintenue d’une censive, isolée, minime, et détachée du reste de nos fiefs ?

M. de Sèze est un homme de bonne condition dans le Bordelais, lequel avait embrassé la profession d’avocat, à laquelle il devait donner un si beau relief en 1793. Avec un talent dialectique et d’éloquence absolument hors de ligne, et comme il avait la réputation d’un homme intègre et courageux, il ne pouvait manquer d’illustrer sa robe, et je ne doute pas que, sans la révolution, il ne fût parvenu aux premières dignités de la magistrature[1]. On n’avait pas l’idée d’un succès pareil, à celui qu’il Romain de Sèze, Conte et Pair de France, Grand-Officier-Commandeur et Trésorier de l’ordre du St.-Esprit,

  1. Premier Président de la Cour de Cassation, Membre de l’Académie française, etc. Il est suffisamment connu que M. de Sèze avait eu le courage et l’honneur d’aller plaider la cause du Roi martyr, en face de la Convention régicide. M. le Comte de Sèze est mort à Paris le 2 mai 1828, âgé de 81 ans.
    (Note de l’Éditeur.)