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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

autre rapport avec la céleste et chaste sœur du Dieu du jour, sinon qu’elle s’appelait Diane et qu’elle était furieusement vindicative.

Cette Phœbé d’Auvergne avait la passion de s’établir à la Cour et comme elle ne pouvait s’y faire présenter, parce qu’elle ne pouvait être reçue ni titrée par aucun chapitre de Chanoinesses, à raison de ce qu’il se trouvait dans ses quartiers du côté, de sa grand’mère, une lacune à cause de mésalliance, on imagina de la faire sauter à pieds joints par-dessus cette case vide, et de la pousser à Dame au moyen d’un brevet de Comtesse. Le Roi voulut bien se prêter à cette innovation sans motif raisonnable et sans exemple ; c’est le diplome de cette Comtesse Diane qui a fait la planche, et voilà ce qu’on appelle un brevet-de-Dame, aujourd’hui[1].

  1. Voici le verbal de ce diplôme, ainsi qu’il est minuté sur les registres de la Maison du Roi, où M. de Breteuil avait eu la complaisance de le faire copier pour moi :
    LOUIS, par la grâce de Dieu, Roi de France et de Navarre, à tous ceux qui les présentes verront, Salut. Voulant donner à notre amie, la Damoiselle de Polignac, une marque de notre protection royale et de notre dilection, comme aussi temoigner des sentimens de satisfaction qui sont éprouvés par nous à l’égard des services rendus à l’État sous les Rois nos prédécesseurs, par aucunes personnes de sa famille, et notablement par le feu Cardinal de Polignac, oncle d’icelle, avons résolu de lui concéder et lui concédons par les présentes lettres qui seront signés de notre main et scellées de notre scel, les qualifications de Dame Comtesse Diane de Polignac ; ensemble la prééminence d’icelui rang de Comtesse en toutes choses de cérémonies ou plaidoiries sur toute autre Damoiselle noble non qualifiée, comme également pouvoir timbrer ses armoiries de la couronne qu’il appartient à ladite qua-