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SOUVENIRS

lui, parce qu’on avait eu l’indignité de lui prendre toutes les grosses carpes et les vieux brochets qu’ils avaient dans les fosses de leur château de Dampierre[1].

Je trouvai dans la même prison le Maréchal et Maréchale de Mouchy, la Princesse Joseph de Monaco, la Duchesse de Fleury et Mme de la Rivière, sa fille, Mme de Charmeau-Breteuil, enfin Mme de Narbonne et je ne sais combien d’autres femmes de mes parentes ou de ma société, qui me reçurent à bras ouverts et le cœur bien serré, ce qui fut réciproque, ainsi que vous pouvez bien croire.

Je me rappellerai toujours le moment du dé-

  1. Hortense d’Albert de Luynes, femme de Mathieu-Jean-Félicité de Montmorency-Lavat, son cousin germain. Elle est fille de ce Duc de Luynes et de Chevreuse à qui Bonaparte avait conféré le titre de Comte en l’appelant dans le Sénat-Conservateur. Le feu Duc de Luynes avait toujours bien de la peine à ne point dater ce qu’il écrivait de l’année passée ; mais, pour se prémunir contre cette infirmité naturelle qui pouvait avoir des inconvéniens dans certains cas, il datait alors de l’année prochaine ; et voilà ce qui lui est arrivé pour son testament qu’on a trouvé daté d’une année postérieuse à celle de sa mort : il en est résulté la nullité de cet acte, et Mme sa fille qui se trouvait la co-héritière et la sœur unique de M. le Duc de Chevreuse en a singulièrement profité.
      Nous avons pris l’engagement de ne rien retrancher de ces Mémoires ; mais il ne s’ensuit pas que nous ayons renoncé au droit d’en soumettre les faits et les jugemens au contrôle de la critique et de la justice ; aussi ferons-nous observer ici qu’on a peine à s’expliquer le jugement de l’auteur à l’égard de Mme la Duchesse Mathieu de Montmorency, dont la conduite en prison ne s’accorderait guère avec sa réputation de bienfaisance et de charité généreuse ! (Note de l’Éditeur.)