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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

cuisinier chez M. Toynard de Jouy (le père de Mme  d’Esparbès), mais je n’oserais vous en répondre en sûreté de conscience.

En voyant que je vous déroule cette généalogie comme la chaîne d’un tourne-broche, vous allez peut-être imaginer que je suis devenue folle ; mais patientez encore un instant, mon Prince, et vous allez voir à propos de quoi je vous ai tracé la filiation des Rotisset et des Flipon ?

Pour éclaircir mon préambule, je vous dirai d’abord que M. Dupont, mon valet de chambre-secrétaire (qui vous écrit ceci sous ma dictée et qui a beaucoup de peine à s’empêcher de rire), avait toujours ainsi que Mlle  Dupont sa tendre épouse, (il n’y saurait tenir à ce qu’il paraît ?) quelque chose à me dire à l’honneur et à la gloire de Manon Flipon, qui était la fille du bijoutier, et qui, suivant leur témoignage, était une merveille de la nature ! Je me souviens qu’il avait été question d’un mariage pour elle avec le boucher qui fournissait l’hôtel de C'équy, lequel avait imaginé de m’écrire à cette occasion-là (c’est le boucher, bien entendu). Les Dupont se jetèrent à la traverse pour m’en donner une explication satisfaisante et respectueuse ; mais je leur signifiai qu’ils eussent à me laisser tranquille avec leur aimable nièce, et que je ne voulais plus entendre reparler de Manon Flipon.

Un an, deux ans se passent, et les Dupont ne sauraient y résister ! il faut absolument qu’ils me parlent du mariage de leur nièce, en me demandant si je n’aurai pas la bonté de signer au con-