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SOUVENIRS

on l’avait menacé de la faire mettre à Saint-Lazare, il avait fini par accepter la gageure.

Je suis fâchée d’avoir à vous dire que le nom de Rotisset n’était pour lui qu’un surnom d’office, et qu’il n’avait aucun nom patrimonial, attendu qu’avant d’entrer dans les cuisines de Chambord, il était sorti du réfectoire des enfans-trouvés.

Il avait pourtant fini par épouser la sœur de Mlle Dupont, ma première femme, et depuis votre berceuse ; mais les Dupont, qui sont des bourgeois du Maine, heureusement et très honnêtement nés, avaient d’abord été profondément irrités de cette mésalliance !

Il en était résulté premièrement une certaine Fanchon Rotisset qui s’allia convenablement avec un ouvrier bijoutier nommé Filippon (on disait Flipon dans l’usage habituel de la famille) ; et je vous dirai, pour n’y rien omettre, que Mlle Flipon, née Rotisset, avait une sœur germaine, fille de garde-robe chez Mme de Boismorel, qui était une richarde du Marais[1]. Elle avait en outre un frère utérin, nommé Nénard qui était au service de M. Haudry, le fermier-général, en qualité de chef d’office, et c’était la fleur des pois, celui-ci ! Il me semble qu’ils avaient encore un neveu consanguin, croisé du Rotisset et du Flipon, qui devait être garçons de cuisine ou

  1. Anne Rousseau de Balagny, veuve de Charles Roberge, Seigneur de Boismorel et ancien payeur des rentes sur le clergé de France ; lorsque Mme Roland parle d’elle, c’est toujours comme d’une personne de la première qualité.
    (Note de l’Auteur.)