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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

adroit, un spéculateur imbécile, et que, d’après les informations qu’il s’était fait donner officiellement (lui Roberspierre), au sujet des terres et domaines de l’ancienne duché-pairie de Créquy, il était convaincu que tout le reste de la pétition ne méritait pas plus de confiance et d’attention que cet article de la duché. — Je ne manquerai pas d’en parler dans nos comités et dans les mêmes termes, poursuivit-il avec un ton ferme et sévère ; j’en parlerai, s’il le faut, à la tribune, et je ne prévois pas que vous ayez la moindre chose à redouter de la part du corps législatif. Je ne vous répondrais pas également des tribunaux, poursuivit-il d’un ton méprisant, car le propre des juges est de faire métier de l’injustice ; ensuite ils manquent presque tous et presque toujours de courage et de lumières, et peut-être serait-il bon que je parlasse de votre affaire à la tribune, afin de leur ouvrir l’esprit, et pour qu’ils n’aillent pas supposer que la majorité de l’Assemblée s’intéresse à votre adversaire. Il a trouvé moyen de se faire des partisans parmi nos collègues, et je vous exhorte à les aller voir, afin de leur expliquer votre affaire aussi bien que vous venez de me le faire.

Nous en étions là quand la jeune gille entra pour lui remettre un billet de la part de Monsieur de Créquy, dont celui-ci faisait demander la réponse. Roberspierre se mit à lire cette lettre de Bezuchet, en faisant un sourire affreux. — Tu diras que je n’avais pas le temps, répondit-il en reprenant un air de simplicité parfaite.

Je le remerciai comme vous pouvez croire, et bien