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CHAPITRE X.


Départ de la famille royale. — Arrestation du Roi à Varennes. — Un mot de la Reine pendant le sommeil de son fils. — Malentendu qu’on reproche au Duc de Choiseul. — Jugement de l’auteur sur la conduite et le caractère de M. de Choiseul. — Réclamations de M. de Choiseul contre les Mémoires du Marquis de Bouill, pendant la restauration. — Sa résignation présumable depuis la révolution de juillet, etc.

Le départ de Louis XVI et cette réunion d’accidens qui vinrent s’opposer au passage de la famille royale à Varennes, est certainement un des incidens les plus funestes et les plus affligans de la révolution française. L’héritier de nos rois quitte furtivement son palais au milieu de la nuit ; il rejoint en silence une épouse alarmée, ses enfans, sa sœur et quelques serviteurs fidèles. Il a eu le bonheur de pouvoir éviter tous les piéges qui sont tendus autour de lui pour le perdre ; il a échappé à tous les dangers qu’il pouvait prévoir, et tandis que la voiture qui renferme le Roi, le Dauphin, la Reine, Madame Royale et Madame Élizabeth, se dirige avec rapidité vers la frontière du Nord, il se trouve qu’à cent lieues de sa capitale, il est reconnu, ou pour mieux dire, il est deviné par un homme du peuple, qui n’avait jamais vu de lui que l’écu du prince et l’empreinte de son effigie sur la monnaie. Agité par un instinct