Page:Créquy - Souvenirs, tome 7.djvu/146

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
139
DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

en démordre, car après trois années d’impostures et de persécutions incroyables d’une part, et de résistance et de persistance continuelles de l’autre, ce misérable homme a fini par être condamné à la guillotine, et par être exécuté, pour lui apprendre à se dire le fils de Louis XV et de mademoiselle de Montmorency, bâtarde de Louis XIV, comme aussi pour le récompenser d’avoir été le petit-fils, le gendre et l’héritier d’un Vicomte Alphonse de Créquy, qui n’exista jamais. Il a péri sur l’échafaud, à la barrière du Trône, en qualité d’aristocrate, le 7 thermidor an deuxième de la république, ainsi qu’il est rapporté dans les gazettes du temps. Son acte de condamnation lui donne les noms de Charles-Alexandre de Bourbon-Créquy. On a cru que ce devait être un marchand de tripes et de gras-double du quartier Saint-Denis, qui s’appelait Nicolas Bézuchet ; mais on n’a jamais pu s’assurer quel était le véritable nom de cet imposteur, dont les manœuvres ont fini par aboutir au supplice. Il a causé beaucoup d’embarras à mon fils, surtout pendant notre emprisonnement et mon procès au tribunal révolutionnaire, dont je vous donnerai les principaux détails en temps et lieu. En attendant mieux, je vous rapporterai seulement quelques-unes des lettres de protection qu’on accordait contre nous à ce maudit personnage, et qu’il a fait publier dans un opuscule intitulé : VÉRITÉS EFFRAYANTES. (Chez Pongin, rue Mazarine, etc. Voyez pièces justificatives). C’est une chose à n’y pas croire ; et du reste vous en trouverez la substance dans toutes les gazettes de la Révolution.