à l’intelligence et l’intégrité d’un tribunal révolutionnaire ?
Notre antagoniste, auquel il m’est impossible de donner un nom certain, car on n’a jamais pu savoir au juste ni quel était, ni d’où sortait cet homme-là ; notre antagoniste, dirai-je, avait débuté par présenter une pétition à l’Assemblée nationale, dans laquelle il se disait fils légitime de Louis XV et d’une fille naturelle de Louis XIV, à laquelle il avait fabriqué la risible qualification de princesse de Montmorency, de Schœitzberg, de Freyberg et du saint Empire romain. Il est à noter que ladite princesse aurait possédé des états et qu’elle aurait été souveraine en Allemagne, ce qu’il était bien aisé d’éclaircir et de réfuter, pour peu qu’on eût un almanach et du sens commun. Notre homme se plaignait d’avoir été détenu prisonnier par ordre de mon beau-père, et pendant quarante-six ans. Il m’accusait, nommément et notamment, d’avoir sollicité et obtenu un ordre du Roi Louis XVI pour le faire saigner des quatre membres, et voici le texte de sa narration :
« Les sieurs Blanchefond et Davaud, juges de la prévôté, étant présens dans mon cachot, ainsi que les dames de Créquy, on me mit absolument nu ; on me lia sur une chaise de bois, après quoi Madame et M. de Créquy montrèrent l’ordre qu’ils avaient apporté, en commandant à leur chirurgien de m’ouvrir les quatre veines. Ce particulier, tout troublé, pratiqua effectivement deux saignées aux bras, dont je porte encore les mar-